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Au Sommet. [PV Janus]

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Message  Garance Falconeri Dim 16 Aoû - 10:31

Déposant délicatement ses jambes gainées de soie sur le bureau, amenant son stylo luxueux à ses lèvres, Garance Falconeri entama un léger mouvement circulaire grâce au siège de cuir doté de roulettes, et fit bouger son bassin pour avancer vers la table couverte de dossiers divers et proprement rangés. Ses escarpins délicats, suivis de ses chevilles puis de ses jambes, trônaient entre une tasse de café, une pile de feuillets stricts, et une photo stupide où elle-même, dix ans auparavant, affichait un sourire niais dans les bras de son père. Elle tendit les genoux pour savourer la position laxiste et parfaitement indécente qu’elle affichait avec un air conquérant. Déposant ses mains sur sa nuque et s’étirant bruyamment, elle soupira, puis reposa ses pieds par terre.

Il était assez tard, et, comme souvent, elle avait passé la journée enfermée dans le bureau de son père bien après ce dernier, pour donner deux ou trois directives sèches et strictes à quelques imprudents, recevoir les nouvelles de la montée des opposants, et s’occuper des derniers détails de la grande réception qu’on organisait en l’honneur des cinquante ans de son géniteur, dans une quinzaine de jours. Elle laissa voguer son regard pâle sur la baie vitrée, qui offrait une vue plongeante sur la belle Moscou illuminée par les jeux et la débauche de ses sujets. Elle voyait à travers les murs de l’immense casino flanqué d’une fontaine extravagante, les couples se former et se défaire, leurs mains se rejoindre et les roulettes, les cartes et les machines à sous hululer luxueusement. La rue Kitrovka, a des lieus de là, devait fourmiller d’hommes lubriques, ivres et défoncés, prenant par les hanches des prostituées gloussantes et aimables. Dans les grandes artères bruissantes de la capitale, les tours brillaient de feux électriques, les véhicules vomissaient une flopée de groupes rieurs et attrayants. Elle soupira. Non pas qu’elle regrettait d’être mise à l’écart de la débauche nocturne – elle pouvait s’y faufiler quand bon lui semblait, et en profiter comme tout un chacun, en prenant garde néanmoins d’être reconnue le moins possible. Elle ne tenait pas à être tuée par un rebelle zélé, ou un traître commun, comme en voyait régulièrement Alivan dans ses rêves étranges. Elle repoussa machinalement ses cheveux courts et, ouvrant un tiroir, pris un cigare paternel et en huma le parfum. Un effluve vanillé chatouilla ses narines, tandis qu’elle tirait déjà une boîte d’allumette dudit tiroir. Elle enleva sa veste de tailleur, encombrante et chaude, et se leva lentement, l’oreille à l’affût des derniers bavardages du personnel qui s’échappait déjà, et croisa le regard digital de la pendule.

23 :46.

La chaleur des chauffages amenait une vague rougeur sur ses joues, elle inhala la fumée du cigare ; la tête en arrière, avec la force de l’habitude et en retroussant sa langue de chaton, elle échappa un cercle opaque aux vapeurs de tabac. Elle souffrait dans ses escarpins de cuir, hauts, sobres et sombres, qui n’avaient pas le mérite de la faire paraître vraiment grande ; dans le reflet de la baie vitrée elle voyait sa silhouette longiligne, la pâleur de sa peau et de son regard, et reconnaissait la froideur Falconeri dans son maintien et les traits ciselés. Elle portait une jupe qui suivait la forme souple de ses hanches et s’arrêtait au niveau de ses genoux, sobrement et petitement fendue à l’arrière, gris anthracite, dévoilant ensuite ses bas soyeux. Sa chemise, dotée de jabots mouvants et fermée haut sur son cou, encerclant aussi ses poignets et dessinant ses manches légèrement bouffantes, raffermissait la sévérité de sa tenue. Elle mourait de chaud. Elle s’assit sur le coin du bureau, ennuyée, fit jouer entre ses doigts le cigare, soupira. Ses deux divins cousins, avides de plaisirs, devaient avoir fuit vers le cœur paroxystique de la ville, traversant la City pour atteindre les restaurants orgiaques, les appartements douteux, les amours éphémères qu’offrait généreusement ce genre de soirées. Elle eut envie de faire venir un courtisan dans son bureau, et, selon l’envoyé, de le séduire ou de le torture du bout de l’esprit ; au lieu de cela, elle appuya d’un doigt délicat sur l’interphone minuscule dans le coin du bureau, et demanda d’une voix soyeuse un café et un Cherry. Elle n’avait aucune envie de revenir à l’appartement, qui pourtant jouxtait, à un étage de là, l’ascenseur. Elle aurait pu descendre au petit salon ; malheureusement, elle y rencontrerait des Autocrates mâles et sûrs d’eux, qui, la prenant pour une ravissante idiote, ne lui adresseraient la parole que pour parler poupée de porcelaines et jolis foulards. Quant à la Cascade, déserte, elle était ennuyeuse et bizarrement angoissante. Elle pensa vaguement à rejoindre Nastazia et Alivan. Y renonça. Désoeuvrée.

Elle n’avait pas vu Janus, non plus, depuis un certain temps. On disait par ci qu’il avait pris un petit congé sabbatique, autour de Pétersbourg, par là qu’il avait été envoyé là-bas pour affaires ; elle n’avait pas cherché plus loin, connaissant la date de son retour. Il était bien la seule personne – en dehors de sa famille, évidemment -, qu’elle regretterait peut-être parmi les Autocrates, ne serait-ce que parce qu’elle était très consciente de son charme, contrairement à un nombre incalculable de jeunes hommes qui la laissait particulièrement froide et dont on louait pourtant les talents séducteurs. Elle le respectait pour avoir le mérite de l’intéresser, elle qui traversait les jours et les mois, désabusée, sans trouver d’autre jouissance que dans le pouvoir qui grossissait au creux de sa main féminine. Elle aurait pu appeler dans sa suite. Elle ne tenait pas à ce qu’il croit qu’il lui était indispensable, elle connaissant son orgueil. Elle n’en fit rien.

Elle amena la tasse de café à ses lèvres, les doigts épars sur la porcelaine, et avala le breuvage amer. Le sourire de l’horloge. 23 :57.
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Message  Janus Andreïevski Lun 17 Aoû - 2:34

Si Garance avait su à quel point ses pensées allaient être prises au pied de la lettre concernant le jeune homme qui dirigeait d'une main de velours dans un gant de fer les Courtisans, elle se serait sûrement forcée à penser très fort à la disparition soudaine des Rebelles. Malheureusement, le génie qui s'occupait de réaliser ses vœux ce soir-là était un peu capricieux, et se contenta de faire venir Janus auprès d'elle. Et en fait, ce génie aurait très bien pu s'appeler hasard, puisque notre jeune homme ne trouvait pas non plus le sommeil e soir-là. Les évènements de Saint-Pétersbourg le tracassaient. "Tout ne s'était pas déroulé exactement comme prévu", un doux euphémisme pour dire qu'en fait, des tas de bâtons de taille conséquente avaient pris un malin plaisir à se jouer de ses roues, ce qui l'énervait au plus haut point, bien sûr.

Seul dans sa suite, Janus se repassait en boucle le film de ses agissements. Il avait fait le nécessaire, il en était convaincu. Les consignes qu'il avait laissées étaient claires comme de l'eau de roche : brûler la maison où s'était déroulée l'entrevue, et faire passer ça pour un incendie accidentel. À cette idée, l'Autocrate eut un sourire de satisfaction : qu'il était facile de gouverner le peuple quand on assumait les pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires à la fois ! Et ce fil-là le ramenait à Garance, tout en haut de sa tour d'ivoire, la jeune femme de cinq ans sa cadette qui dirigeait le monde. Tout cela était grisant. Et c'était pur égoïsme de penser ainsi, puisqu'il rejetait tous ceux qui ne faisaient pas partie de l'infinitésimale portion de l'humanité qui profitait de la vie. Mais il en avait le droit, parce qu'il était né dans cette portion. Rejetant toute culpabilité venant ne serait-ce que d'un embryon de réflexion philosophique à ce sujet, Janus se contenta de se sourire dans l'un des immenses miroirs qui ornaient les murs de l'appartement qui lui était dévolu.

Bref. Janus se retrouva devant un dilemme : cacher ce qui avait pu se dérouler là-bas, ou tout raconter. Très rapidement, il décida de garder pour lui les raisons de son échec dans des négociations d'apparence anodine. Cela dit, il se doutait que la "patronne" ne dormait pas, et était assez curieux de voir ce qu'elle faisait. Le bureau, dominant Moscou, n'était pas que l'endroit d'où l'on avait l'une des plus belles vues sur la ville. Dominer prenait tout son sens, tous ses sens même, à cet endroit. Et non seulement Janus appréciait-il l'hospitalité de l'occupante des lieux - hospitalité dont il n'était pas loin d'être le seul bénéficiaire, ce qui la rendait bien sûr d'autant plus précieuse -, mais le lieu en lui-même l'attirait. À se retrouver littéralement au-dessus de tous, il y avait ce sentiment particulier de toute-puissance, et à s'approcher de ce saint des saints, on pouvait très bien obtenir des informations intéressantes. Surtout avec un pouvoir aussi efficace dans ce genre de situations que celui de Janus.

Il ne croisa personne, et c'était tant mieux. Se retrouvant devant la porte forcément imposante du célébrissime bureau, il se surprit à hésiter, et se concentra sur ses perceptions. Au-delà des cinq sens communs à tous les mortels, Janus avait finalement un sixième sens plus développé que chez ses congénères humains. Cette empathie ne lui disait pas ce que se disait Garance, ne lui révélait pas ses pensées comme sur un écran de cinéma. Mais elle permettait de se faire une idée de l'atmosphère qui régnait dans l'esprit de la superbe et terrifiante jeune femme, et dans le cas présent, de savoir qu'elle ne dormait pas, déjà. Il jeta un coup d'œil à sa montre encombrée d'or, histoire de se donner une contenance.


23 :58.

Souriant, Janus s'installa bien droit devant la porte, et attendit deux minutes. Après tout, quitte à se présenter devant Garance, autant le faire à un moment précis, histoire de forger à moindres frais une coïncidence amusante. Puis il poussa la porte du bureau, s'avançant à pas feutrés jusqu'à celle qui tenait sa vie, parmi tant d'autres, entre ses mains. Des mains délicates, mais qui n'hésiteraient pas à arracher un cœur en cas de besoin, Janus le savait comme tous les Autocrates bien informés. Il sourit à cette pensée, comme si ce n'était rien. Puis, dans l'espace d'un clignement des yeux, laissa exsuder de lui un sentiment de bien-être et de bonheur. Ce n'était pas évident, bien sûr. Garance n'était pas un sujet facile. Pour des raisons qui échappaient de très loin à Janus, elle n'était pas très sensible à son pouvoir. Dans ce cas, sans doute se sentirait-elle un peu mieux qu'avant, mais elle ne lui sauterait jamais au cou, quelle que soit l'application qu'il mettrait à utiliser son pouvoir. Il mettait cela sur le compte de sa relative inexpérience, de la résolution farouche de la jeune femme, et de divers facteurs aléatoires qu'il ne pourrait jamais contrôler. Mais finalement, cela rendait sa relation avec l'héritière des Falconeri bien plus intéressante. En effet, si elle s'intéressait à lui, c'était avant tout grâce à ses actes, pas juste parce que son pouvoir le rendait sympathique aux yeux de la belle souveraine.

Après s'être arrêté à quelques pas du bureau, juste à côté d'un des confortables fauteuils destinés aux invités ( et combien d'Autocrates convoqués là avaient-ils sué sang et eau, voire plus, sur ces sièges qui s'improvisaient pour la peine engins de torture, en fonction de l'humeur de l'hôte ? Avec un peu d'imagination et de concentration, Janus était certain de pouvoir encore ressentir leurs angoisses... ), le jeune homme laissa son sourire s'épanouir dans une expression qui mêlait l'impression d'un calme intérieur et d'un bonheur profond. Et, au fond, il était heureux. Et il le savait, ce qui comptait double. Une voix posée et mélodieuse s'éleva alors, porteuse de tonalités apaisantes. Janus opta pour de l'humour léger, parce qu'à minuit, on n'était pas forcément très réceptif, même en s'appelant Garance Falconeri, et même avec une certaine dose de café dans le sang ( ou de sang dans le café ? ).

- Belle soirée, n'est-ce pas ? Je pensais bien que vous ne dormiriez pas, Mademoiselle Falconeri.

Après une telle entrée en matière, Janus s'assit sans autre forme de procès, dignement et tranquillement. Puis il reprit, sur le même ton qu'auparavant, mais sans l'obséquiosité de ses premières paroles, qui étaient destinées à créer un réel décalage. En effet, il n'allait pas vouvoyer quelqu'un qu'il connaissait depuis sa naissance ! Surtout à son poste. Aurait-il été un exécutant que les choses auraient pu différer, bien sûr. Mais Janus n'était pas un Autocrate comme les autres, par bien des aspects...

- Ah, tu m'as manqué, fleur de Moscou. L'ancienne ville des Tsars peut parfois paraître bien triste...
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Message  Garance Falconeri Lun 17 Aoû - 11:18

Lorsque Janus entra dans le bureau, l’horloge digitale clignotait sur les harmonieux zéros indiquant minuit. Elle reposait sa tasse de café et s’apprêtait à prendre le verre de cristal abritant le goût fruité et alcoolisé du Cherry, et, avec un sourire, elle salua mentalement le souci théâtral du jeune homme ; qu’il l’ait fait exprès ou non, il apparaissait toujours aux bons moments. Elle ne montra aucun signe de surprise et son visage resta lisse alors qu’il avançait vers le bureau et vers elle-même. Elégant malgré l’heure tardive, il traversa la pièce avec ce maintien aristocratique qui le caractérisait ; alors qu’il se rapprochait, elle ressentit la modification discrète de son humeur, une légère décontraction corporelle, une lointaine bonne humeur qui, sans la rendre euphorique, ancra son sourire de bienvenue sur ses lèvres. Elle ne se départit pas de son expression agréable et, alors qu’il introduisait sa venue avec une entrée en matière badine, elle amena le verre de cherry à ses lèvres.

Il s’assit dans le fauteuil sombre comme un habitué du bureau Falconeri, laissant son regard voguer sur Moscou et sur la pièce luxueuse et criarde, que son père, par faute de goût, avait tenu à décorer avec une ostentation orgueilleuse : tableaux de maîtres, moulures baroques, meubles modernes et lisses côtoyant des guéridons anciens, fauteuils de cuir saluant ottomanes de velours surpiqué, miroirs cerclés d’or et d’argent, et énorme lustre en cristal limpide. Garance et ses soucis de sévérité élégante avait du mal à se fondre dans le décor, et, avec son tailleur austère et ses gestes strictes, semblait être une gouvernante hautaine dans un château extravagant de conte de fées. Ce qu’elle était peut-être – si l’on considérait qu’Andrea Falconeri était l’enfant à surveiller.

- Ah, tu m'as manqué, fleur de Moscou. L'ancienne ville des Tsars peut parfois paraître bien triste...

Elle baissa le regard sur lui et détailla le visage aux traits ciselés, aux yeux aimables et au charme indéniable ; Janus avait toujours été l’un des éléments les plus charismatiques de l’équipe fermée des Autocrates « au pouvoir », et ce, sans compter son don particulièrement utile. Elle avait participé à son ascension, ne serait-ce qu’en chantant ses louanges aux oreilles affables de son géniteur et en proposant des postes qu’avait parfaitement tenu Janus ; en était son compagnon « favori », il s’était offert un aller simple pour les hauteurs du Building, aux côtés de parents proches comme les Bosvokis et de quelques virtuoses qui avaient plu à Garance grâce à leurs talents divers. Maintenant, alors qu’il asservissait chacun des courtisans, il effleurait le sommet du bout des doigts ; elle se demanda ce qu’il avait été faire à St-Pétersbourg. Elle n’en avait pas pris connaissance, trop occupée à éradiquer les rebelles qui sévissaient sur la City, et avait laissé cette affaire à son père. Elle eut un sourire pour le jeune homme, reposant le verre de cristal dans un tintement discret, et répliqua de sa voix soyeuse et inoffensive :

- On dit pourtant que les réceptions de la déléguée de St-Pétersbourg sont grandioses, et que sa fille est sublime. Tu n’as pas pu profiter d’une invitation ?

Si les Falconeri dominaient aussi Pétersbourg, c’était une de ses lointaines tantes, une cousine de son père et italienne anciennement sulfureuse, qui exécutait les ordres et veillait sur la perle de la Russie ; rêvant de tsars, de romanesque et de bals froufroutants, elle avait élu domicile dans l’ancien palais de Nicolas II, et organisait de grandes soirées costumées, prônant l’ancienne aristocratie et la magnificence pécuniaire des parvenus. Compte tenu de ses origines, Janus avait dû être expressément sommé de participer à ce genre de futilités. Néanmoins, Garance était curieuse de savoir si sa lointaine cousine, qui ne devait pas avoir plus de vingt ans, était aussi séduisante et délicate qu’on le disait à Moscou. La jalousie ne la tenaillait pas, puisque, malgré son intérêt et son attention pour son apparence, elle se savait dotée d’une joliesse équivoque et non du charme prisé et pulpeux des belles plantes de Moscou ; elle faisait plus attention à son pouvoir paroxystique qu’à ses prétendus atouts physiques. Elle se leva, atteignit l’armoire abritant les liqueurs, et, sans lui demander son avis, lui servit un verre de champagne doré, dans une flûte ceinte d’un cercle d’or. Revenant vers lui, elle déposa la coupe sur le bureau, et reprit sa place sur le coin qu’elle occupait lorsqu’il était entré ; reprenant son propre verre, elle l’encouragea d’un regard et attendit ses explications. Peut-être lui en dirait-il plus sur l’intitulé de sa mission au passage.
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Message  Janus Andreïevski Jeu 20 Aoû - 13:58

Janus était doté d'une bonne dose d'intuition. Ce qui, pour quelqu'un qui cherchait comme lui à s'élever parmi les Autocrates et disposait donc d'une place plutôt enviable, était quasiment un pré-requis ( ou en tout cas un atout très important pour survivre dans ce panier de crabes ). L'intuition, ce n'était pas forcément ce que l'on appelle l'intuition féminine, mais plutôt un sens aiguisé des non-dits de ses interlocuteurs. Additionnez à cela son pouvoir, qui lui permettait de sentir, même confusément, ce qui traînait dans la tête des gens aux alentours, et vous obteniez un être parfaitement taillé pour cette compétition de survie du plus haut niveau. Et il s'en tirait bien, le jeune homme souriant.

Alors bien sûr, Garance ne pouvait manquer de se demander ce qu'il était allé faire à Saint-Pétersbourg, et lui n'avait pas envie d'expliquer que les courtisans là-bas étaient en-dessous de tout, et qu'il avait été obligé de se déplacer - lui-même, en personne ! Une vraie insulte - pour régler la chose de manière définitive. L'héritière des Falconeri n'était pas du genre à apprécier que l'on massacre ses propres subordonnés, même si elle n'avait rien à faire d'eux. Ils étaient, en quelque sorte, sa propriété, non ? Par conséquent, Janus préférait éviter de s'exprimer sur ce qu'il avait dû faire. Et puis, il n'avait même pas un rôle héroïque là-dedans. Il était simplement venu se rendre compte de ce qui se passait, avait pris une décision, et avait laissé les gorilles s'en occuper. Après tout, les Autocrates n'avaient pas à se salir les mains, n'est-ce pas ? Toujours est-il que Garance lui fit l'amitié ( ou la politesse ) de ne pas entamer le sujet de façon frontale.


- On dit pourtant que les réceptions de la déléguée de St-Pétersbourg sont grandioses, et que sa fille est sublime. Tu n’as pas pu profiter d’une invitation ?

Le sourire de Janus s'agrandit à cette évocation. Il se saisit de sa flûte, et décida de savourer le délicieux liquide encore frais qui s'agitait sous la pression du gaz carbonique. Un délice, forcément. On n'allait pas disposer du mousseux de piètre qualité dans le bureau d'une Falconeri. La voix du jeune homme tressauta légèrement, sous l'effet de sa détente spontanée, due à l'agréable compagnie dont il bénéficiait, au cadre plutôt prisé dans lequel il se trouvait, et à l'effet du champagne, ce bonheur liquide qui vous touchait directement, par le sens de l'odorat, par le goût, et même par la vue. Mais elle resta harmonieusement accordée, et garda surtout la prononciation caractéristique de Janus. En effet, si le russe est une langue très mélodieuse, le jeune homme avait une façon de parler qui pouvait presque s'apparenter à un chant léger et subtil.

- La ravissante Ilena, et sa mère Olivia. J'ai bien sûr été invité, et j'ai honoré cette soirée de ma présence. Olivia était ravie de cela, et je m'en serais voulu de refroidir les relations entre Moscou et Pétersbourg. Enfin, l'assistance de cette réception était assez limitée, à mon goût, mais on ne peut pas remplier la salle de balle du Tsar tous les soirs. Ou alors, il faudrait vraiment avoir beaucoup d'amis.

Janus marqua là une petite pause, observant Garance. L'adjectif "sublime" accordé à Ilena n'avait pu lui échapper. Et il savait, pour pratiquer l'art de la rhétorique extrêmement souvent, que tous les mots avaient leur importance dans une phrase. Il lui était difficile de sentir ce que la jeune femme pensait de sa cousine. Mais Andreïevski ne pouvait pas croire à de la jalousie. Non, Garance était trop posée, trop subtile pour se laisser aller à ce genre de sentiments. Par contre, elle pouvait être intéressée d'en savoir plus sur cette parente éloignée qui résidait elle aussi dans un château, quoi que celui de Nicolas II soit bien plus ancien que le Building. Le visage du jeune homme exprima une sorte d'amusement taquin quand il reprit.

- Enfin, Ilena est un peu...Entreprenante, dirais-je. Je ne doute pas que mon ascendance soit attrayante à ses yeux, mes parents descendent bien tous les deux de familles parmi les plus nobles, mais cela ne justifie tout de même pas d'essayer de m'enivrer. Qui plus est, tu sais ce que je dis souvent : "Ne pas essayer de faire quelque chose, il n'y a que la réussite ou l'échec". Elle était quasiment incapable de se tenir droite quand je l'ai ramenée à sa mère...

Le sourire de Janus se para d'un tout petit rictus, ce qui lui donna un tout petit air mauvais. Cela exprimait simplement son plaisir un peu sadique de se moquer ainsi d'une jeune femme qui avait essayé de le flouer. Une sorte de vengeance qui ne coûtait pas cher à accomplir, et qui était hautement gratifiante. Puis il reprit, sur un ton égal.

- Enfin, elle est charmante, oui. Mais d'un charme assez conventionnel. Il lui en aurait fallu plus pour me troubler.

Il inclina la tête sur le côté, semblant soudain rêveur. Il s'imaginait ce qu'il aurait pu se passer s'il s'était laissé faire. Sans doute Ilena aurait-elle essayé de le piéger, de se l'accaparer, afin de le contraindre à l'épouser. Ce n'était pas une pensée très agréable, car il ne se voyait pas vraiment finir sa vie dans un palais qui, s'il était magnifiquement rénové, restait très ancien, presque froid, et surtout qui était éloigné de la "vraie" vie, celle de Moscou. Éloigné du pouvoir, des divertissements, du cœur du monde. Pas autant que certains coins de la planète, bien sûr, mais Janus savait pertinemment que si la tante de Garance avait hérité de Saint-Pétersbourg, c'était en partie parce que c'était une voie de garage très confortable et que là-bas, elle n'ennuierait personne, en organisant ses fêtes. Non, définitivement, Janus n'aurait pas voulu cela. Un sourire victorieux saluant son ingéniosité, qui lui avait permis de tromper Ilena et de s'en débarasser, s'afficha sur son visage, mais ne dura pas. Les traits du jeune homme revinrent à la normale, à ce petit sourire doux qu'il affectionnait.

- Mais je suis peut-être trop bavard, ce soir. Comment se sont passés les derniers jours à Moscou ? Tout va-t-il comme tu veux, douce souveraine ?

Janus avait hésité à lancer le sujet de sa mission sur le tapis, pour finir par se résigner à ne pas le faire. Si Garance voulait des informations, il préférait qu'elle aborde le problème de façon plus claire, pour savoir ce qu'elle avait déjà appris d'elle-même, évitant ainsi les redites et les impairs. La diplomatie était un art bien délicat, se dit-il, alors qu'il remettait sa chevelure en place d'un petit geste, puis buvait une autre gorgée de champagne.
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Message  Garance Falconeri Mar 25 Aoû - 13:26

Avant de répondre au soudain revirement de conversation de Janus, Garance prit le temps de réfléchir et de lui présenter les délicieux cigares dont la fragrance subtile et enivrante flottait encore dans la pièce. La boîte entre les mains, elle fit danser les trésors tabagistes sous les yeux de son interlocuteur, et eut une pensée pour ses parents de Pétersbourg, qui apparemment agissaient exactement comme elle l’imaginait. Narquoise, elle se figura sa divine cousine, aux doigts effilés et avides, au sourire suave, parfaitement à son aise dans les froufrous exubérants des bals luxueux, et sa tante présidant l’assemblée frivole. Ce monde, créé sur l’illusion d’un passé révolu et rappelant un ancien Empire assassiné et exquis, pouvait les tenir encore des années en haleine, années pendant lesquelles elles ne feraient pas valoir une légitimité éloignée, et ne mendieraient pas un regain de pouvoir. Annexe faiblarde de Moscou, l’ancienne perle de Russie gardait sa magnificence, son ostentation oisive, mais ne possédait en aucun cas l’intérêt de la capitale. C’était une misère en termes de puissance, de pouvoir législatif, un caveau où s’enterraient encore les aristocrates sur le déclin et les fillettes en passe de devenir princesses parvenues. Monté sur stuc et or filigrané, St-Pétersbourg tournait au rythme des apparences et non plus des actes. Chose que Garance haïssait plus encore que les jupons vulgairement cousus d’argent.

Elle tira d’un geste austère sur le bas de sa chemise et vrilla Janus d’un regard calme. Si elle n’avait pas sa capacité à lire dans ses émotions et n’avait jamais été aussi talentueuse qu’avec d’autres individus pour deviner ce qu’il pensait, elle ne pouvait s’empêcher d’essayer de lire dans l’esprit clos qui lui faisait face. Les émotions fluides se lisaient sur le visage offert, mais elle n’avait aucune confiance dans les traits de son compagnon : il avait une aisance au mensonge, à l’omission, qui mettait toujours en doute sa propre compréhension. Elle plissa les lèvres avant de répliquer, hésitant à lui décrire la situation désastreuse qu’elle essayait tant bien que mal d’endiguer, ou a afficher une fausse assurance destinée à rassurer, tout d’abord, le jeune homme, mais aussi elle-même, qui, sans céder à la panique, voyait néanmoins avec angoisse la montée rebelle devenir importante et active. Ces idiots armés étaient rusés et utilisaient l’indolence des Autocrates contre eux. Leurs moyens, leurs fulgurance et leurs effectifs donnaient lieu à de véritables questions, à de véritables inquiétudes qui tenaient Garance éveillée et lui donnait de réelles envies de meurtre – qu’elle tombe ne seule fois sur un de ces immondes rebelles, et elle le truciderait de ses mains. Sans laisser de côté la phase « torture » qui précéderait l’assassinat – son pouvoir devait bien servir à quelque chose.

Malheureusement, si elle optait pour cette dernière solution, il le remarquerait immédiatement. Il flairait le mensonge. Et s’il soupçonnait quelque chose, il risquerait d’extrapoler le mensonge, de penser à mal, ou pire, de fouiner. Elle soupira, déposa les cigares sur la table et se leva, retrouvant l’infime douleur de sa voûte plantaire endolorie par tant d’heures engoncée dans ses étroits escarpins. Croisant les bras autour de sa poitrine et levant le regard pour croiser l’œillade cristalline et miroitante du lourd lustre, elle énonça d’une voix profondément neutre, totalement calme, et presque de froide de retenue :

- Non, tout ne va pas comme je le désire, j’en ai peur. L’organisation opposante prend de l’ampleur et les courtisans semblent incapables de débusquer plus d’un ou deux rebelles à la fois, ce qui ne réduit pas beaucoup leurs troupes. Le système de défense laisse peut-être même à désirer. Il y a eut des descentes à la City, des attentats dans les endroits mondains, une prise d’otage à la Constellation et des vols au Septième ciel. Rien de très important, pas d’Autocrates tués, quelques dossiers volés tout au plus. Mais cette soudaine activité me fait craindre une réelle révolution sur Moscou.

Elle faisait sans s’en rendre compte les cent pas dans le bureau, tournant autour d’un épicentre invisible et le visage droit et sévèrement fermé ; une colère douce se dilua dans ses veines, assez féroce néanmoins pour qu’elle laisse son regard voguer vers Janus et qu’elle manque de l’accuser. Elle aurait très bien pu lui reprocher l’inertie de ses courtisans, rabattre la faute sur ses voyages, ou sur son apparente douceur, lenteur. Mais elle savait tout cela injuste, et trouva la menace inutile : les Courtisans faisaient leur possible pour choper ces anguilles agressives, et Janus n’allait pas être envoyé sur le terrain pour les beaux yeux de pauvrettes bien armées. Elle se planta devant la baie vitrée, comme un homme pensif, les mains malgré tout fémininement plaquées à ses hanches, et soupira lourdement. Sur les lumières de la ville, elle voyait les agissements perdurants des révoltés. Leurs desseins pernicieux et actifs, s’amplifiant avec l’ambition et le temps. Il allait falloir faire preuve de poigne, et éradiquer. Envisager une chasse à l’homme, une traque cruelle conférant au génocide, à l’holocauste. Elle n’avait pas l’intention de voir le régime Autocratique s’effondrer, sous les coups de couteaux reptiliens des rebelles de Moscou.

- Mais rien de très grave. Nous avons des pistes pour trouver deux ou trois éléments clefs qui seront punis. Tout cela ramènera la paix.

Du moins l’espérait-elle. Elle n’avait pas envie de voir Janus douter de son pouvoir ou de son efficacité, et encore moins laisser filtrer l’angoisse propre à la crise.
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