Hilda Pulkrina

Histoire du personnage

Miranda Wilfreyd était née en Angleterre, et avait vécu dans une famille ni riche ni pauvre jusqu’à ses vingt ans. Le rêve de ses parents était que la jeune fille devienne médecin ou avocate, et qu’elle ait une vie agréable avec un homme riche de préférence et qui aurait une situation convenable. Mais Miranda se voyait mal devenir médecin, puisque son rêve était d’ouvrir sa propre boutique de mode. Elle fit part de son rêve à ses parents, qui décidèrent de ne plus lui parler. Miranda ne s’était pas attendue à cette réaction, mais étant une jeune fille de caractère, elle s’en remit vite. Tant pis si ses parents n’approuvaient pas son choix, elle faisait ce qui lui plaisait. La jeune fille travailla dur et put réaliser son rêve : elle acheta un appartement et ouvrit sa boutique, qui connut des débuts difficiles, mais qui finit par marcher. La jeune femme était heureuse et pétillante, et aimait ce qu’elle faisait. Dans cette histoire idyllique, il ne lui manquait plus qu’un homme honnête qui l’aimerait pour la vie. Et celui-ci finit par se présenter un soir d’automne. Coureur de jupons hors-pair, l’homme avait remarqué les yeux bleus pétillants et la chevelure miel de la jeune femme, et s’était dit qu’il devait aller lui parler. Il avait attendu jusqu’au soir, et quand les clients avaient quitté la boutique, il était entré. Il venait de Russie, mais parlait un anglais parfait. En trois phrases, il avait complimenté la jeune femme et l’avait charmée. Miranda était maligne et indépendante, mais naïve. Très naïve. Cet homme qui lui disait que ses mains étaient des plus délicates, c’était l’homme de sa vie, à n’en pas douter ! Ils avaient passé la nuit ensemble, et l’homme s’était trouvé lui aussi charmé par la jeune femme. Il lui avoua qu’il ne pourrait pas rester ici éternellement, et qu’il devait retourner en Russie, où il avait un poste des plus importants, puisqu’il côtoyait beaucoup de gens influents qu’on appelait les autocrates.

-Je viens avec toi s’écria la jeune femme

Et elle l’accompagna à Moscou, abandonnant sa boutique. Il avait une maison riche, situé dans un quartier sympathique. Complètement aveuglée par le charisme de Pedro Pulkrino, la jeune femme auparavant si indépendante se retrouva à faire la cuisine à la maison pendant que son mari allait au travail. Et cela lui convenait bien. Jusqu’au jour où elle se retrouva enceinte.

Quand elle annonça la nouvelle à Pedro, celui-ci eut un petit sourire carnassier et dit : « je ne veux pas de ce gosse. Puis il ajouta : « D’ailleurs, je ne veux plus de toi non plus. Tu as bien tenu ; d’habitude, je lâche les filles au bout de quelques semaines. Mais ta compagnie commence à m’ennuyer : tu peux partir ».
Il la mit à la porte. La jeune femme se retrouva complètement désorientée dans les rues de Moscou. Perdue, seule, malheureuse, enceinte. Elle se fit embaucher en tant que Belle de Nuit, où les patrons lui fournissaient le gîte et le couvert. Cette période fut la plus dure de sa vie, et elle pensa beaucoup de fois à en finir ; mais pour le bébé qu’elle portait, elle décida de lutter. Elle accoucha d’une petite fille aux yeux bleus et aux cheveux blonds presque blancs qui lui rappelait ceux de Pedro. Elle l’appela Hilda, un prénom qu’elle avait toujours aimé. Elle s’en occupait du mieux qu’elle le pouvait, mais son boulot lui prenait beaucoup de temps, et dès sa naissance, le bébé fut souvent seul. Elle avait alors vingt-deux ans, était prostituée, et profondément blessée : elle avait été amoureuse de Pedro. Vraiment. Et cet amour bafoué, elle le reporta sur sa fille. Elle la couvait, la protégeait du mieux qu'elle pouvait.

Mais la petite fille grandit, et dès huit ans, elle ne supportait pas que sa mère la surprotège. Elle, ce qu’elle aimait, c’était courir les rues avec les autres gamins de son âge, et se battre pour prouver que même si elle était une fille, elle pouvait combattre les garçons. Sa mère la retrouvait le soir, et se lamentait devant ses cheveux sales et son pantalon tout crotté. Et Hilda haussait les épaules. Son attitude ne changea pas : belliqueuse et active, les garçons avec qui elle traînait ne la considérait pas comme une fille. Hilda était un garçon manqué. Pourquoi rejetait-elle sa féminité ? Sans doute qu’elle considérait les femmes comme des êtres faibles et démunis. Comment pourrait-il en être autrement ? Elle voyait sa mère fatiguée, seule et triste. Alors elle se l’était jurée ; elle ne serait pas faible, elle ne serait pas une femme. L’insouciante jeune fille continua donc à courir les rues, jusqu’au jour où elle se rendit compte que la vie ne se résumait pas à ça, et qu’elle allait devoir travailler pour gagner sa vie. Mais à quatorze ans à peine, que pouvait-elle faire ? Elle était plutôt mature pour son âge, et était plutôt endurcie vu comment elle vivait. Elle se mit à réfléchir à ce qu’elle pourrait bien faire…et ne trouva pas grand-chose. Quand elle se présentait dans des bars ou dans des restaurants en disant qu’elle voulait travailler, on la détaillait, elle et ses cheveux courts, son air enfantin et sa silhouette fragile, et on lui claquait la porte au nez. Alors elle demanda à sa mère si elle pouvait travailler comme Belle de Nuit: celle-ci se mit à pleurer et à serrer sa fille dans ses bras en disant « Hilda…je t’en prie ne fais pas ça…je ne veux pas que ma fille fasse ça…jamais ». Et Hilda décida d'obéir, pour le moment, en tout cas.

Arriva le temps où sa mère devint trop vieille pour exercer son métier : Miranda était toujours belle, mais les clients demandaient de la chaire fraîche. Il devint évident qu’Hilda devait trouver un travail, surtout si elles ne voulaient pas se faire expulser de la maison close où Miranda était logée avec sa fille (comme toutes les autres Belles de Nuit, bien sûr). Hilda connaissait très peu la femme qui dirigeait les Belles de Nuit, sachant juste qu'elle était très respectée. Sa mère avait travaillé pour elle pendant 6 ans, et Hilda décida de tenter sa chance. Elle fit part de sa décision à sa mère, qui ne put s’y opposer. Débrouillarde, Hilda alla trouver cette femme, et c’est sans grand espoir qu’elle se présenta en affirmant qu’elle voulait travailler. Deux hommes qui se trouvaient dans la pièce éclatèrent de rire. Elle n’avait pas vraiment le physique de l’emploi : pas de formes, des jambes trop longues, un air encore gamin. Mais la Maquerelle ne rit pas. Elle prit Hilda à part et elles entrèrent dans une grande pièce sombre chichement éclairée par une seule fenêtre. Elle fouilla quelques minutes dans une grande malle noire et sortit un pantalon serré, et une veste de smoking, et les tendit à Hilda. Celle-ci, interloquée, prit les vêtements.
« Ce soir, tu es un homme ».

C’est ainsi que Hilda devint la Travestie » Elle n’avait jamais eu auparavant de relations sexuelles, et les premiers essais furent maladroits. A ses débuts, elle dut faire face à l'agression d'un homme qui ne supportait pas d'être attiré par un mec, et qui après avoir couché avec elle, la frappa au visage et essaya de lui tailler le dos avec un coutelas. Hilda s'en sortit en le frappant dans les côtes, mais la cicatrice qu'elle a dans le dos restera toujours. Heureusement, elle fut vengée par la Maquerelle qui après avoir découvert la cicatrice de Hilda se fit raconter toute l'histoire par celle-ci, et alla trouver l'homme...pour le tuer. Malgré ses incidents, elle s’adapta très vite, et est maintenant d’un professionnalisme…renversant. Elle propose ses services à des hommes plutôt homosexuels, mais aussi à ceux attirés par l’élégance de leur interlocutrice.

Cela fait donc un an qu’elle est entrée dans le groupe des Belles de Nuit. Elle est très attachée à la Maquerelle, dont elle admire l’autorité. Avec ses revenus, elle va s'acheter des cigarettes et des vêtements, parfois. Elle vit dans la rue le jour, et passe les nuits dans des hôtels. La jeune fille s’entend à peu près bien avec toutes les autres Belles de Nuit (même si certaines l’insupportent, bien sûr), et n’a pas d’ennemis déclarés…sauf son père. Elle le déteste du plus profond de son cœur, et si elle le revoyait, elle le ferait payer. Hilda n’a pas l’habitude de juger trop sévèrement les gens : elle attend de voir ce qu’ils sont vraiment avant d’émettre un jugement. C’est différent pour son père : un homme capable d’abandonner une femme du jour au lendemain sans raison, c’est un salaud fini, c’est tout. Par bien des aspects, Hilda n’a pas vraiment eu une belle vie : une enfance passée à vagabonder dans la rue, pas de père, une mère aimante mais pas vraiment disponible, un métier assez douteux…mais elle vit librement au moins, et rien que pour ça, elle ne regrette pas son choix.


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