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La vertu est un masque bien dangereux !

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La vertu est un masque bien dangereux ! Empty La vertu est un masque bien dangereux !

Message  Ian Law Mar 21 Juil - 21:56

L’antre du jeu était synonyme de prétexte pour des folles soirées dans la nuit moscovite. Réglé comme du papier à musique, cette nuit ne faisait pas exception et déjà le Casino se présentait comme le lieu de tous les éclats. L’extravagance serait reine, la débauche son amie et toute rigueur son ennemie. Le thème de ce soir, un bal costumé, un carnaval, une occasion de se travestir pour n’être le temps de quelques heures un autre ; l’on se dérobait à son costume coutumiers pour en revêtir un plus ou moins ajusté. Mais après tout, ce ne serait rien d’autre qu’un exercice de style, une singerie grotesque, un canular d’amusement, un spectacle stupide !

L’entrée était bien entendu réglementée par des vigils qui distribuait une carte à jouer aux invités en échange de leur invitation. Cette carte à jouer, cette figure ou ces chiffres n’étaient rien d’autres qu’une fantaisie, c’était un jeu inventé par les organisateurs, un zeste de surprise: ainsi chaque carte de même valeur devait se retrouver, il fallait faire attention à sa couleur et pire à sa caste. Ainsi, les cœurs ne pouvaient avoir de rendez-vous qu’avec les piques, les carreaux avec les trèfles. Un as était synonyme de grandeur ! Alors qu’un deux ne valait pas grand-chose ! La théorie se verrait-elle confirmée par l’expérience ? La foule moscovite s’adonnerait-elle à ce passe-temps entre deux cocktails ?

Le salon digne des muses se gorgeait encore et toujours de nouveaux arrivants. C’était un défilé, un ravissement pour les yeux. Les entrées successives se faisaient tantôt dans un silence religieux, parfois avec plus d’éclats ; chacun était passé maître dans l’art d’une venue élégante ou non. Mais tous semblaient s’être fixés pour règle d’apparition une parfaite adéquation avec le tempo. Sens inné pour la musique, peut-être? Ou mise en scène théâtrale ? Les autocrates se pavanaient avec prudence dans ce ballet incessant, sur cette vaste scène. Un seul faux pas pouvait détruire une réputation, une mauvaise manière pouvait vous faire paraître pour capricieux, un tic engendrait les moqueries, une réflexion désobligeante vous dévoilait comme pugnace.
La population de cette petite cour, ce cercle privilégiée, ce noyau dur avait tôt fait de brosser les portraits de chacun de ses membres. Des murmures, des rumeurs disaient que l’on verrait les Falconeri, mais beaucoup n’y voyaient que calomnies et mensonges, ils ne se déplaceraient pour un événement aussi bénin. Alors on s’amusait à critiquer et à admirer.
Quelques curiosités demeuraient cependant comme cet inconnu qui n’avait pris la peine de se déguiser et n’avait que pour costume, un simple et élégant costard. Pourtant partout dans la salle, l’on trouvait anges et démons, sorcières et autres monstres dignes d’une imagination sordide et ridicule.

L’homme, cet éternel adolescent, avait eu la chance de tirer un as…L’as de pique. Jetant des regards curieux et dédaigneux à droite, à gauche, à ce monde l’environnant, il semblait inaccessible pareil à l’écho d’un rêve ? Qui était-il et comment était-il arrivé là ?
Des vamps s’autorisèrent à venir le tourmenter lui affichant leur carte dans des gloussements cherchant à voir en lui un roi de cœur ou valet de trèfle ? Il ne daigna répondre qu’à l’aide de sa carte, la désignant comme une preuve faisant foi, la brandissant à la manière d’un enfant un peu trop zélé, piqué par le jeu.
Ce n’est que devant leur surprise qu’il s’autorisa des explications.

« Mesdemoiselles, je suis confus mais je ne peux décemment passer la soirée avec vous, je suis à la recherche de l’as de cœur ! De plus, je ne sais guère danser, j’aurai fait un piètre cavalier. Je n’aurai supporté l’idée de faire souffrir vos pieds.»

Et, déjà, le drôle d’oiseau levait la tête et laissait vagabonder ses yeux tempête à la recherche de ce fameux As de cœur, pensant peut-être le voir apparaître et le reconnaître.


Dernière édition par Ian Law le Mer 5 Aoû - 15:23, édité 3 fois
Ian Law
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Message  Garance Falconeri Mer 22 Juil - 20:18

Un calvaire, cette soirée. Elle aurait volontiers savouré une nuit près du chef des Courtisans, à donner des ordres voilés sous le masque des conseils, et jouant de son psychisme criminel en cas de résistance ; mais son géniteur, pour qui elle avait une tendresse inégalable, l’avait poussée à se déguiser stupidement et à accompagner sa cousine au bal masqué organisé par leur grand copain, le jeunot à la tête du casino. Elle n’était pas sortie depuis longtemps, sinon incognito dans la rue Kitrovka à l’affût d’une quelconque substance illicite la conduisant sur les chemins déjà foulés de l’euphorie factice, et la paresse qui l’avait envahie à l’idée de se mêler à cette foule d’inférieurs rêvant de puissance et de castes suzeraines avait confirmé son déplaisir. Sa cousine, euphorique, avait revêtu une tenue de princesse d’Arabie, plus ou moins dénudée, faites de doux voilages superposés, tissés de fil d’or et de tulle turquoise, jusqu’à ce que Garance, lasse de ses piaillements excités, lui lance en douce une ample souffrance à l’abdomen qui cloua la délicate enfant au lit pour la soirée entière.

Au moins, elle n’aurait pas de fardeau pendant cette soirée costumée qui s’annonçait, avouons-le, aussi savoureuse qu’une corvée. Elle n’avait aucune intention de porter la robe rouge à fourreau que lui conseillait son père, et encore moins la meringue couleur champagne que lui tendait sa femme de chambre avec envie, désirant apparemment déguiser sa jeune maîtresse en reine française ridicule et froufroutante. S’enfermant dans sa chambre, elle farda très légèrement ses paupières pâles d’un voile argent, ne maquilla pas ses pommettes diaphanes ni ses lèvres exsangues, et enfila une tenue sobre et stricte propre à ses goûts sévères, élégants, et proprets. Un chemisier de satin gris perle, aux manches rondes et bouffantes entourant son épaule d'un écrin moiré, et dont le col fermé haut sur son cou était embelli par un lourd camée de porcelaine fine, serrait légèrement sa poitrine dérisoire et mettait en valeur sa silhouette presque androgyne. Enserré dans une jupe taille haute, il laissait libre ses bras fins et blancs ; la jupe crayon, d’un noir ébène, moulait ses hanches et atteignait ses genoux en suivant la courbe des cuisses. Aucune ceinture ne venait ternir l’éclat souverain du camée ; des escarpins sobres, noirs, à talons assez hauts, ornaient les pieds étriqués. Elle jurerait certainement avec la richesse vulgaire dont ces filles inférieures feraient étalage ; pour parachever sa tenue, elle déposa sur son visage un masque papillon noir et simple, esquissant la courbe de son arcade sourcilière et la raideur de son nez droit et fin. Le tour était joué – si elle ne ressemblait pas à une idiote de conte de fées, elle n’était pas non plus identifiable, du moins sans un examen circonspect qui serait, ce soir-là, mis en péril par l’alcool et la drogue circulant en toute liberté.

Elle partit en limousine, emmitouflée dans un ample manteau de cashmere rose pâle, assez distendu pour lui conférer la nonchalance recherchée qu’elle désirait. Elle ne tenait pas à ce qu’on la reconnaisse, pour commencer car les Falconeri n’avaient pas à honorer le Casino et ses idées stupides avec autant de zêle, mais aussi parce que les instances idiotes des femmes de courtisans en mal de pouvoir l’agaceraient tant et si bien que ce bal finirait en boucherie psychique. Or, le pouvoir des Autocrates devait rester secret.
Le chauffeur lui apprit la règle du jeu sur le chemin du centre ville ; une histoire de cartes, de caste changée, de couple ? De jeu, de danse, d’amalgame sentimental entre le symbole du casino et celui de la hiérarchie. Merveilleux ; et d’une puérilité à toute épreuve. Elle soupira en entendant le chauffeur exalté, le fit taire d’un regard désapprobateur, et descendit de la voiture sans son aide, se dirigeant d’un pas dansant et bruyant vers l’entrée du monumental bâtiment. Le gardien de l’entrée lui fit un clin d’œil en voyant son accoutrement particulièrement respectable – espérant peut-être que cette jupe dissimulait un porte-jarretelle digne d’une Belle de Nuit ? -, et lui tendit une carte. Elle observa le dos pourpre et enluminé de motifs élégants, puis regarda la figure qu’elle avait récoltée ; le trois de carreau. Elle fronça les sourcils, releva ses prunelles glaciales sur le colosse entreprenant, et le foudroya d’un regard mauvais, comme si cette mauvaise pioche était voulue ; d’une voix coupante et précise, en relevant à demi son masque, dans la pénombre, elle déclara :

- Je veux l’as de cœur.

Le
gardien se troubla, farfouilla dans son tas de carte et lui tendit l’as voulu ; avec un gracieux sourire, la fille Falconeri entra dans la grande pièce illuminée et bruyante, laissant ces serfs profiter de sa lumière naturelle et grandiloquente, abaissa la nuque en une révérence prudente devant les regards appréciateurs qu’elle rencontra, et se composa une expression plus ou moins enjôleuse qui ne traduisait pas son état d’esprit ennuyé et sceptique. Elle recherchait, qui ? L’as de pique, de toute évidence. Une danse ou une conversation la distrairaient peut-être ; si elle le rencontrait, elle irait vers lui. Se frayant un chemin difficile entre les lourds jupons chatoyants qui barraient sa route, elle atteignit le bar, se fit servir une coupe de champagne acidulé comme il s’en faisait cette année-là – un chef d’œuvre alcoolisé et épicé par un arôme de pèche, de fraise ou de citron selon le choix -, et laissa son regard voguer sur la salle. Tous les hommes avaient revêtus des costumes plus ou moins improbables, tels que l’attestaient un énorme chat au costard pelucheux, ou un jeune homme qui n’avait en tout et pour tout qu’un caleçon rouge et un masque emplumé ; elle localisa d’ailleurs son cousin, au bras de sa Belle de Nuit attitré, habillé d’un fort élégant déguisement de diable attirant. Il n’était pas le seul à avoir choisi l’image de Belzébuth pour goûter ce soir-là aux plaisirs de la nuit moscovite.

Et puis, il attira son attention avant même qu’elle ne connaisse sa carte ; entouré d’une petite troupe de midinettes angéliques, diablesses, princesses ou encore écolières, il se démarquait par son fort beau smoking noir et élégant, sa pause nonchalante, sa silhouette fine et sa totale absence de masque. Elle observa le visage dénudé, aux traits assez beaux sans être, pour elle, si notables, lorsqu’il déclama qu’il recherchait l’as de cœur et qu’il ne savait pas danser. Haussant les sourcils, elle attendit que la cour se disperse, et s’accouda plus posément au bar pour terminer sa flûte de champagne. Elle ne le quittait néanmoins pas des yeux, et, ayant patienté une quinzaine de minutes pendant lesquelles elle le vit tourner plus ou moins en rond, elle marcha d’un pas languide vers lui et, les yeux sur la chevelure sombre, tapota l’épaule masculine.

- Vous me cherchiez ?
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Message  Ian Law Jeu 6 Aoû - 16:31

Les plumes, les paillettes, les froufrous s’agitèrent avant de s’éclipser et les cocottes disparurent dans des soupirs évocateurs et des ricanements mesquins, l’homme n’avait guère mis de temps à se débarrasser de cette petite cour de jeunes filles en fleur mais quelques regards de ces princesses et autres diablesses se perdaient pourtant encore dans sa direction. L’austère mit un point d’honneur à ne pas entretenir leurs espoirs et préféra l’ignorance à tout autre forme de torture. Ces déambulations durèrent quelques temps avant que la capricieuse ne l’aborde.
La statue d’albâtre l’avait dévisagé cherchant à la sonder, à déceler les tréfonds de sa pensée, de son être, de ses perles sombres. Leurs regards se rencontrèrent pour mieux se fuir. Et, l’ange ne chercha plus à percer les méandres de mystère qui persistaient derrière ce masque.
La curiosité est un vilain défaut ! Pauvre maladie qui s’était emparée du duo.
Les jeux de la conquête et de la découverte s’offraient à eux, tout deux sources d’insondables mystères et d’innombrables rumeurs, n’étaient-ils pas faits pour se rencontrer ? Les ingrédients avaient beau s’assembler, l’alchimie opérerait-elle ?
Leur entretien se transformerait-il dans l’une de ces joutes qui va si bien entre un membre du beau sexe et un gentleman hautain ? Si tel était le cas, nul doute que leur orgueil s’en trouverait mis à mal et de nombreuses blessures viendraient entachées leur folle fierté. Ce pêché d’arrogance n’était-il pas l’héritage involontaire de leur rang et de leur statut ?

« En effet, j’étais à votre recherche. J’étais curieux de voir qui se dresserait devant moi. Je ne suis pas déçu mais peut-être n’êtes-vous qu’un vil imposteur? Remarquez, je peux bien prendre ce risque, rien ne vous garantie que je n’ai pas dérobé malencontreusement une carte à l’un des gorilles de l’entrée. »

Folle perspicacité, provocation indéniable, laisserait-elle entrevoir quelques signes de surprise face à cette première tirade ?
Un œil extérieur les aurait sans doute pris pour l’un de ses couples pathétiques car, à la vérité, ils étaient assortis. La même sévérité émanait de leur costume, cette semblable élégance et cette touche d’arrogance nécessaire dans la nuit Moscovite. Un charisme indéniable se dégageait de leur personne. Les taquineries débutèrent et l’espièglerie fut de bon ton pour ce premier entretien.

« Bonsoir à vous Mademoiselle As de Cœur. Je vous avoue que je suis plutôt surpris, un simple masque… N’aimez vous pas les déguisements ? »

La question avait été posée le plus naturellement du monde et le plus simplement. L’étrange n’attendit guère de réponse et poursuivit sur la même note…

« Pour ma part, j’adore ça…Je vois que votre carte ou votre personne ont fait des émules, ma chère. »

Et, déjà, juste derrière la poupée de porcelaine, l’un de ces ridicules, un diable du dimanche s’était avancé prêt à ravir sa princesse. Cette avancée s’était opérée à mesure que la soirée perdait de son côté prestigieux pour tourner à l’une de ces folles nuit où la musique assourdissante bat son plein ainsi que les corps se trémoussant sur l’une des pistes de la scène.

« Je suppose… qu’il veut sûrement danser avec vous, vous ne sauriez lui refuser, n’est-ce pas ? »
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