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Quête Vicodinienne [ PV Gabriel x) ]

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Message  Adonis Winchester Jeu 9 Juil - 1:22

    En se levant ce matin-là, Adonis Winchester avait pressenti que cette journée serait une mauvaise journée. Était-ce parce qu’il s’était levé du pied gauche ou que le ciel plombé de nuages gris au-dehors annonçait un temps de pluie aussi maussade que la perspective de rester enfermé entre quatre murs des heures durant sans rien faire ? Allez savoir. Toujours est-il que le jeune homme connu sous le pseudonyme du Caméléon s’était senti d’humeur grognon dès le réveil. Ce qui n’annonça vraiment rien de très bon pour le reste de la journée, malheureusement.

    Il était resté quelques heures au Bunker à se tourner les pouces, ou plutôt à tourner comme un lion en cage, essayant en vain de se trouver une occupation pour tenter de chasser son humeur maussade. Que n’aurait-il pas donné alors pour être envoyé auprès d’un quelconque Courtisan à embobiner sur ordre du chef, ne serait-ce que pour avoir quelque chose d ‘intéressant et de lucratif à faire. Mais bon, c’était toujours dans ce genre de situations qu’on ne vous demandait rien, justement. Comme par hasard. Mais bon. Après avoir fusillé du regard trois ou quatre rebelles qui s’étaient un peu trop approchés de lui, et suffisamment grogné sa frustration infondée, Adonis finit par se décider à sortir du fameux Bunker, repère du groupe des rebelles. Il n’avait qu’à se balader en ville, faire un tour, récolter au passage quelques informations intéressantes auprès des habitants de cette chère Moscou. Il y avait toujours quelque chose à apprendre, quelqu‘un à saluer et à qui sourire, quelqu‘un qui ne demandait qu’à partager le secret ou la rumeur qu’il avait entendu d’un tiers et qui lui brûlait le lèvres. Toujours. C’était çà, l’avantage de ce genre de villes. Adonis était donc sorti une bonne heure, mais cette sortie ne fut pas fructueuse. Notamment en raison de la pluie diluvienne qui se mit soudainement à tomber, comme il était à prévoir avec les gros nuages sombres qui s’étaient invités dans le ciel de Moscou aux premières heures du matin. Ce genre de pluie qu’il n’est pas agréable à supporter, ce genre de pluie qui fait rentrer tout le monde dans le moindre café ou bâtiment pour se mettre un instant à l’abris. Bref, ce genre de pluie qui ne risquait pas d’améliorer l’humeur déjà suffisamment grognon de ce cher Adonis. Après avoir lâché un juron et rabattu le capuchon de son sweat-shirt gris sur sa tête, le garçon avait tourné les talons et s’en était revenu au Bunker à pas pressants, convaincu que sortir aujourd’hui ne donnerait rien de bien concluant.

    Une fois à l’abris des murs froids mais secs du repère des rebelles, Adonis abaissa sa capuche pour secouer ses cheveux de jais un peu à la manière d’un chien qui s’ébroue, tout en grommelant bien entendu des insultes à l’adresse du fichu temps incommodant. Il avait ensuite fait plusieurs pas à travers un des innombrables couloirs du fameux Bunker lorsque son œil gauche, celui qui n’était plus, se mit à le lancer aussi soudainement que brusquement. Ben voyons. Plissant son œil valide et effleurant d’une main le bandage blanc qui recouvrait l’autre, Adonis continua sa route d’un pas plus lent. Il s’arrêta devant un miroir, comme si la vue sur l’œil caché pouvait atténuer sa douleur. Qu’on ne vienne pas lui dire une énième fois que la douleur était purement psychologique, ou il allait vraiment s’énerver pour de bon, à force. Seul devant le miroir, Adonis fronça les sourcils. Il ne supportait pas la vue de son œil perdu. Pas parce que cela lui rappelait l’affreuse douleur qui l’avait alors habité, mais plutôt parce cette blessure lui rappelait sournoisement l’erreur, la seule, la plus grave qu’il n’avait jamais faite dans son travail de Caméléon. Et parce qu’Adonis n’aimait pas perdre, parce qu’il n’aimait pas déraper, il ne supportait pas de s’en rappeler. Un peu comme si la preuve de son échec, parce qu’échec cela l’avait été à ses yeux, était constamment affichée sur sa figure. Toujours. Sournoisement. Fronçant encore plus les sourcils à ces pensées, le jeune homme se mit alors à fouiller dans les poches de son jeans à la recherche, bien évidemment, de sa dose de Vicodine. Seulement, le flacon en plastique étiqueté qu’il amena à la hauteur de son œil valide était malheureusement et incontestablement vide. Il se souvint alors avoir avalé les deux derniers comprimés de la boîte la veille, avant de s’endormir. Voilà pourquoi il avait du pressentir que cette journée serait merdique, tiens.

    Adonis resta quelques secondes debout sans bouger, à fixer stupidement ce qu’il tenait en mains, puis il sembla se ressaisir, tourna les talons et d’un pas décidé, se mit en route au travers des couloirs du Bunker. En direction, bien évidemment, du centre de soins. Parce que dans ce genre de situation, il suffisait d’aller voir Gabriel Yunes, l’infirmier en chef, celui qui soignait tout le monde avec son espèce de don, et qui, accessoirement, pouvait vous donner les médicaments qu’il vous fallait. Dans le cas d’Adonis, tout simplement de la Vicodine. Pour apaiser la douleur de son œil, bien entendu. Et seulement pour cela. Non, bien sûr que non, jamais Winchester n’avouerait ou ne s’avouerait être devenu complètement dépendant de ces cachets, tout comme un toxicomane d’une quelconque drogue. A force, je suppose que vous l’avez compris. Mais passons. Le centre de soins se situant pile poil au centre du Bunker, on ne risquait pas de le louper. Et comme Gabriel était quasiment toujours à l’intérieur, à son poste, Adonis avait de bonnes chances de l’y trouver. Et effectivement, il l’y trouva. Ouvrant brusquement la porte sans aucune cérémonie, Adonis avisa le jeune homme à la peau mate dans la petite pièce, et sans s’encombrer d’une quelconque salutation polie comme il en était de mise, il démarra la conversation par un implacable et pressant :

    - Il me faut de la Vicodine. Tout de suite.

    Oui, je sais. Toujours poli, toujours charmant ce garçon, dans toutes sortes de situations. Ou presque.
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Message  Gabriel Yunes Ven 10 Juil - 20:50

Gabriel avait entendu la pluie immédiatement : l’averse diluvienne était venue hurler avec fracas sur les murs du Bunker, et le dortoir, tout proche de l’extérieur, s’était mis à résonner d’immenses gémissements aquatiques. Il s’était réveillé en sursaut, la tête affreusement douloureuse, avant de remarquer que le dortoir était quasiment vide et que seule son apprentie infirmière y dormait encore, paisiblement. Il s’était levé précipitamment pou fuir l’horrible martèlement de la pluie, avait passé un pull vert-de-gris et un jean élimé, et avait migré vers son antre, les mains sur les tempes. Maudissant d’ailleurs son pouvoir, capable d’endiguer les blessures, mais pas la gueule de bois.

Il avait passé la soirée de la veille, à son grand dam désormais, au Mont de Vénus, à s’enivrer comme un taré pour fêter leur victoire dans une mission quelconque, avec quelques uns des rebelles concernés ; on l’avait trainé de force dans le bar douteux, et il s’était finalement avéré être un fier compagnon, ne tenant absolument pas l’alcool, saoul au bout de dix minutes, et euphorique jusqu’au bout de la nuit. Lorsqu’à quatre heures du matin il était rentré s’échouer comme une baleine moribonde sur son lit de fer, il était au bord de la régurgitation, il titubait, et surtout, il était assez bourré pour dire à son assistante, à Drev, et même au chef, qu’ils étaient adorablement canon. Une honte internationale en soi.

Se tenant le crâne, il entra dans le Centre de Soins, s’affala sur le siège le plus proche, et, le faisant pivoter, se pencha en arrière souplement pour attraper une boîte de petites pilules divines et fighteuses de migraine.
S’il se souvenait bien, il avait déclaré sa flamme à toutes les Belles de Nuit du quartier, s’était trainé dans le caniveau sur les derniers mètres, et avait proposé un strip-tease à la plupart des passants de moins de cinquante ans. Il gémit, en prenant sa tête dans ses mains, et soupira profondément ; en plus de s’être ridiculisé, il l’avait fait publiquement. Et ces connards de rebelles allaient lui rabâcher « pour rire » toute la sainte journée jusqu’à ce qu’ils se prennent une gentille balle dans la cuisse et qu’il les torture un petit moment en attendant la supplication. A cette pensée, un rictus tordu se dessina sur ses lèvres et il soupira rêveusement ; rejetant la tête en arrière, il avala goulûment quatre ou cinq cachets roses – son organisme médicinal était moins facilement affecté par les médicaments synthétiques que le commun des mortels -, et reboucha la boîte d’un coup d’index.

Le murmure de la pluie résonnait toujours sur le toit et faisait office de litanie atroce dans son crâne ; il marmonna une insulte pour l’adorable temps de merde, ferma les yeux et se ressourça un moment en imaginant la douche brûlante qu’il allait aller prendre le plus vite possible, tant que les douches communes étaient vides, savourant ainsi la fuite de sa douleur. Se levant lentement, il tituba vers la machine à café high tech, et, les yeux mi-clos, abaissa le bouton à tirette pour avoir un café corsé, sans sucre, sans lait, un concentré de caféine fortifiant et délicieusement divin ; la tasse atterrit en une seconde sur le socle, et il la prit avec bonheur dans sa main, sans prendre garde à la brûlure sur sa peau, qui d’ailleurs se résorba presque immédiatement ; amenant le café à ses lèvres, il s’en abreuva avec jouissance, yeux clos et bouche douloureuse de chaleur.

Lorsqu’il eut fini, il s’installa derrière son bureau, prêt à se morigéné pour aller bondir sous le jet d’eau chaude, mais encore trop agacé et fatigué pour retraverser le Bunker. Les yeux dans le vague, mordillant ses lèvres rêveusement, il prit le couteau suisse sur le bureau et entailla légèrement le creux de son poignet, dans un geste parfait et machinal d’automutilation et de masochisme ; fasciné, il regarda la blessure disparaître immédiatement, et recommença. Son esprit s’évadait toujours lorsqu’il était occupé à constater la force de son pouvoir ; formant une nouvelle entaille, plus profonde, il la vit cicatriser en une seconde ; continuant, il souriait légèrement. Il n’avait pas le temps de ressentir la douleur. Il se souvenait que, lorsqu’il était jeune, très jeune, et qu’il avait voulu se scarifier pour son mal être, ses addictions, sa laideur assumée, cette propriété l’avait agacé, fait hurler de rage, puis l’avait lassé. Eh ouais. Ce petit dingue n’avait même pas pu se couper les veines. Malheur.

Il en était là de ses divagations lorsqu’Adonis ouvrit la porte à la volée, ravivant du même coup sa migraine et son agacement, et aboya de son ton parfaitement aimable – sachez malgré tout que Gaby apprécie Adonis :

- Il me faut de la Vicodine. Tout de suite.

Gabriel l’observa lentement, avec calme, de son œil qu’il sentait pulser de douleur, à ses vêtements trempés et son air mauvais, et n’esquissa pas un sourire de coopération. Il était lui-même mal à l’aise, exténué, n’avait pas dormi normalement depuis une bonne semaine, et était d’une humeur si excécrable qu’il entra immédiatement dans sa phase reine des glaces, au risque de se faire proprement buter :

-Tu as déjà eu ta dose cette semaine. Tu en prends trop. Ta dépendance me tape sur le système, fit-il d’une voix polaire, l’œil méprisant, son couteau suisse dansant dans sa main avec souplesse.

Ainsi envenimait-il une journée qui s’annonçait fort pesante.
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Message  Adonis Winchester Sam 11 Juil - 16:20

    L’œil valide d’Adonis se posa machinalement sur le couteau suisse qui dansait dans une des mains du guérisseur, et encore une fois, il ne pu s’empêcher de se dire qu’il préférait mille fois mieux les flingues à ces fichues lames, notamment parce que c‘était un couteau et non un colt qui lui avait fait perdre son oeil. Réflexion complètement inutile aux circonstances, je vous l’accorde, mais ce fut une des pensées qui traversa l’esprit du garçon à cet instant, juste avant que Gabriel ne réponde à sa demande de cette voix glaciale qui lui était bien trop souvent propre :

    - Tu as déjà eu ta dose cette semaine. Tu en prends trop. Ta dépendance me tape sur le système.

    Évidemment, le ton comme les paroles même ne risquaient pas d’arranger l’humeur déjà suffisamment exécrable de ce cher Adonis, vous pouvez bien vous en douter. Un simple et concis « Mais bien sûr, mon cher Adonis, tiens, voilà tes pilules. » aurait certainement mieux fonctionné, c’est sûr. Mais bien entendu, cela aurait été beaucoup trop simple, n’est-ce pas ? Oui, c’était vraiment une sale journée, en effet. Mais passons. Adonis tiqua. Comment çà, il avait déjà eu sa dose, il en prenait trop ? Et oh, c’est bon, c’était des cachets, de simples cachets. Ce n’était pas comme s’il venait réclamer sa dose d’héroïne, qu’il sache. Enfin si, en vérité, c’était un peu çà, mais vu l’entêtement qu’avait celui qu’on appelait le Caméléon pour affirmer qu’il n’était pas dépendant du tout, il ne l’avouerait jamais. Bref, si sa « dépendance » tapait sur le système de ce cher Gabriel - qu’Adonis appréciait également malgré tout, il faut le dire aussi, - et bien de son côté, c’étaient les paroles de ce dernier qui tapaient sur le sien, de système. Et forcément, si chacun tapait sur le système de l’autre, on ne risquait pas d’avoir une conversation des plus aimables et des plus charmantes qui aboutirait sur quelque chose d‘utile et de concret. Évidemment.

    Adonis resta quelques infimes secondes sans répondre, le temps que les paroles de son vis-à-vis atteignent son cerveau brumeux, disons, puis soudainement, il abattit violemment le plat de ses mains sur la surface du bureau de Gabriel, pour darder le regard noir de son œil dans les yeux d’un vert émeraude de celui qui refusait de lui fournir ce dont il avait le plus besoin pour le moment, et siffler :

    - Mais j‘ai mal. Tu piges ?

    Que la douleur de son œil estropié soit purement psychologique ou non, elle ne l’aidait en rien à contrôler les trémolos furieux de sa voix à cet instant donné. Pour un peu, Adonis en aurait maudit le calme polaire du guérisseur. Se reprenant néanmoins, le jeune homme au sweat-shirt trempé se redressa en grommelant et fusilla du regard un point imaginaire quelconque situé quelque part sur le mur qui lui faisait face. Puis avec un soupir qui illustrait bien l’agacement qui le prenait dans ce genre de situation, Adonis posa une main sur sa hanche, effleura de l’index de l’autre sa tempe douloureuse, et l’air considérablement irrité de devoir en arriver là, il abaissa une nouvelle fois son regard sur ce cher Gabriel avant de marmonner un vague :

    - S‘il-te-plaît ?

    Comme si cette demande polie tout à fait anodine lui avait arraché la bouche, Adonis grimaça, ses lèvres se tordant en une moue contrariée. Oui, il s’était levé du pied gauche, oui, il était d’humeur exécrable aujourd’hui, et oui, le fait qu’il soit à court de ses précieuses petites pilules blanches n’arrangeait strictement rien. Bon sang, mais s’il lui arrivait d’être ainsi durant une de ses missions spéciales d‘infiltré, il se savait mal barré, tiens. Enfin non, s’il était en mission, Adonis saurait certainement mieux se tenir. Jouer, faire semblant. Comme toujours, pour sauver les apparences. Mais ici bas, au sein du Bunker rebelle, il n’avait pas vraiment besoin de cacher son humeur massacrante aux gens, ni son besoin d’obtenir expressément de la Vicodine à leur guérisseur officiel. C’était là un des avantages de ce repère, justement. Pour Adonis, du moins.
Adonis Winchester
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Message  Gabriel Yunes Dim 19 Juil - 11:23

Un peu de plus, et Gabriel se plantait le couteau dans la paume – non pas que cette plaie ait été grave, de toute façon -, et entendre le « s’il-te-plaît » d’un garçon comme Adonis lui sembla fort surprenant.

Pas assez pour changer d’avis. Il n’était pas une des midinettes du Bunker, qui, souriante et zélée, répondait affirmatif à chaque requête grognée de Winchester. Hors de question. Ce gamin avalait la Vicodine comme les Autocrates ingéraient du LSD, avec dépendance et euphorie, et ce, à toute heure du matin ou du soir. Gabriel avait bien l’intention de mettre un terme à cette petite ronde infernale de médocs, ou bien de réduire les doses, car même s’il ne connaissait pas la douleur paroxystique du jeune homme, il avait bien compris qu’une bonne partie était psychologique, engendrée par la panique du manque de pilules. Gabriel prit son visage dans sa main, la pencha légèrement sur le côté, et fixa son regard clair sur le jeune homme.

Ses pupilles le vrillaient lentement, sobrement, avec le mystère glacial propre à son visage neutre et peu aimable ; il n’était pas d’humeur à faire risette à son patient, et le tambour qui pulsait dans son crâne se rappelait à lui joyeusement pour endiguer toute pitié et toute compassion ; si monsieur le cyclope voulait sa dose, il devrait lui passer sur le corps, avec gros godillots et force d’insultes ; l’esprit de contradiction fonctionnant à plein régime, l’œil moqueur et la bouche tordue en sourire peu convaincant, monsieur cercle polaire rétorqua d’une voix aussi douceâtre que du velours – vilain garçon !

-Hors de question. Pas de Vicodine avant trois jours. C’est comme un forfait sms, Winchester : attends la fin de la semaine pour être ravitaillé.

I
l aurait bien ajouté « Souffre. », mais il ne tenait pas à ce qu’on lui tape sur la tête, alors qu’il souffrait le martyr et qu’il se souvenait qu’il avait essayé d’arracher la jupe de son assistance ; lui qui aimait à dire qu’il n’était qu’un petit frigide impuissant, il devenait de toute évidence carrément taré avec 800mililitres d’alcool dans le sang : un peu de plus et il se mettait à violer la population moscovite au grand complet. Il soupira silencieusement, une moue sceptique aux lèvres ; où allait le monde, si Gabriel Haziel Yunes se mettait à draguer ? L’apocalypse était proche. D’ici qu’on le traite de frustré dans le bunker, il n’y avait qu’un pas.

Il reprit sa petite séance de scarification, léchant ses lèvres sèches, et rêvassant de nouveau à l’idée d’une douche chaude et solitaire ; il en avait un peu ras le bol de se laver en présence d’idiots suicidaires qui concouraient en comparant la taille de leurs biceps, triceps, puis de leurs trésors masculins vénérés et vénérables, et avait une envie quasiment obsessionnelle d’une séance de lavage brûlante. Sans personne pour essayer de l’entraîner dans leurs concours débiles – qu’il gagnerait de toute façon, soyons sérieux, si évidemment il se douchaient autrement qu’en maillot de bain, complètement inhibé par une pudeur débile et irrationnelle qui engendraient des spéculations diverses et variées telles que :
Gaby a-t-il des furoncles mal placés ? Est-il un transexuel ? Peut-être est-il castré, ou ses fesses sont peut-être liposucées ? Ect.

Ehm. Mais revenons à Adonis, et sa douleur infernale. Alors que l’énième plaie sanguinolente disparaissait de sa peau aussi vite qu’elle était venue et qu’une douleur sourde et délicate apparaissait entre ses veines, il releva les yeux vers le jeune homme, laissant là ses fantasmes savonneux, et continua d’une voix polaire :

-Je peux t’ausculter, si tu le souhaites. Si ton état a empiré, tu auras ta vicodine ou je soignerai la partie enflammée. Sinon, tu repars et tu ne reviens pas me faire chier avant le jour dit.

I
l se leva, effaça la goutte de sang roulant sur sa peau métissée, repoussa ses cheveux immaculés de son geste habituel et invita Adonis à s’assoir sur la civière moderne d’un mouvement de main ; sa migraine s’effaçait peu à peu, avec ses répliques froides, et son zèle à être désagréable semblait étouffer la gueule de bois.

Encore un argument, pour refuser son dû au borgne pleurnichard, qui osait briser son rêve de douche et de bien-être.
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Message  Adonis Winchester Ven 24 Juil - 19:30

    L’effort monumental que ce cher Adonis venait de faire, en demandant de manière polie et tout à fait naturelle sa Vicodine à l’aide de ce maudit « s’il-te-plaît » ne servit pas à grand-chose, en fin de compte. A vrai dire, ce n’était pas comme si cela était vraiment étonnant.

    - Hors de question. Pas de Vicodine avant trois jours. C’est comme un forfait sms, Winchester : attends la fin de la semaine pour être ravitaillé.

    Ce qui n’aida pas le Caméléon a mieux digérer ce nouveau refus proféré d’une voix cruellement douceâtre, loin de là, bien entendu. En dehors de toutes les apparences dont il jouait, de tous les masques qu’il pouvait porter tour à tour, de tous les rôles qu’il endossait avec aisance, Adonis restait un garçon bourré d’orgueil, qui ne supportait pas qu’on puisse lui tenir tête. Comme un gosse pourri-gâté, le jeune homme était du genre à vouloir que le moindre de ses caprices soit exécuté sur un simple claquement de doigts, qu‘on accoure ou qu‘on s‘incline sans faire d‘histoires. Avouez-le, tout serait divinement plus simple et agréable de la sorte pour soi, si l’on vivait ainsi. Heureusement ou pas, il y avait toujours des personnes pour briser le rêve égoïste et insensé, ajoutant de la sorte du piquant dans l’existence, que cela plaise ou non. Mais bref. Adonis n’avait pas l’impression de demander la lune. Il voulait des médocs, enfin, de simples et foutus médocs. Ce n’était pas comme s’il venait réclamer un appartement personnel au sein du Bunker, ou qu’on lui apporte ses repas au lit - ce qui ne serait que justice, à ses yeux, il était le Caméléon après tout, pas n‘importe qui, non mais. Déjà que ce cher garçon n’appréciait pas de devoir demander quoi que ce soit à quelqu‘un, voilà que cet idiot de Yunes compliquait les choses.

    -Je peux t’ausculter, si tu le souhaites. Si ton état a empiré, tu auras ta vicodine ou je soignerai la partie enflammée. Sinon, tu repars et tu ne reviens pas me faire chier avant le jour dit.

    Adonis, qui avait posé machinalement son œil doré sur les mains de Gabriel alors qu’il laissait la lame de son couteau mordre sa peau - il n’avait jamais compris qu’on puisse aimer se scarifier de la sorte, mais bon, chacun ses goûts, - releva la tête à ses mots. Un court et léger rire sec fusa de ses lèvres. En premier lieu, il fut tenté d’envoyer bouler le guérisseur, mais après réflexion, il finit par hausser les épaules. Il était là pour avoir sa Vicodine, bordel. Il se foutait bien de savoir qu’il tapait sur le système de ce cher Gaby. Après tout, il préférait cela, comme çà ils étaient deux à se faire chier mutuellement. Le réfrigérateur ambulant ne comprenait-il donc pas que le plus simple serait de lui donner ce qu’il voulait sans faire d’histoire ? Ils seraient tous les deux gagnants, comme cela. Du moins était-ce ainsi qu’Adonis voyait les choses. Ce dernier, d’ailleurs, après son rire sec et son haussement d’épaules, les lèvres tordues en un sourire arrogant qui lui était propre, s’approcha de la civière de sa démarche nonchalante.

    - Ouais, c’est çà Yunes, auscultes-moi.

    L’exemple même de la politesse et de l’agréable, vous dis-je.
    Le rebelle en manque alla donc s’asseoir sur la fameuse civière, non sans qu‘un air agacé ne vienne se peindre sur son visage, à l‘image de son éternelle expression arrogante. Vraiment, quelle sale journée. Son regard noir se posa une nouvelle fois sur Gabriel, alors qu’il prenait de nouveau la parole pour énoncer une vérité qui lui paraissait proprement évidente :

    - Tu sais, si tu me passais ma vicodine tout de suite, je ne te ferais plus chier, très cher. Ce serait donnant-donnant.

    N’est-ce pas ?
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Message  Gabriel Yunes Dim 26 Juil - 20:30

Ignorant sciemment la monumentale masse de conneries dépassant les lèvres délicates du cyclope maigrichon, Gaby repoussa sa chevelure encombrante et blanche, avant de virer de bord difficilement –le gouvernail mis en veilleuse par les relents de l’alcool qui lui remuaient le cerveau -, vers l’armoire où la précieuse assistante rangeait gaiement chacun des outils utiles aux blessures, opérations, auscultations, consultations, et dont Gabriel ne pouvait se départir – c'est-à-dire peu, compte tenu de ses talents déjà cités pour l’art médicinal.

Prenant d’une main un stéthoscope dernier cri, il en entoura son cou gracile, et revint vers le gosse accro, qui s’était assis sur la table de travail d’un air morne ; Gaby plissa les lèvres et retint une tape paternelle sur le crâne du gosse, pour lui faire comprendre entre autre que la bouderie et l’insolence le faisait doucement rigoler – et absolument pas fléchir-, mais il ne s’autorisa pas si grande familiarité. Comme d’habitude, la pudeur maladive de Gabriel interprétait ses pulsions parfaitement saines comme des élans sensuels tarabiscotés, et, en une seconde, l’infirmier avait l’impression d’être un pervers notoire fantasmant sur son patient, au lieu d’un abruti un peu bourré et en quête d’une victime psychique. Mais passons ; il ne tapota donc pas la crinière noire du jeune homme – très belle et soyeuse au demeurant -, évita de justesse l’impulsion de s’asseoir à ses côtés – trop de promiscuité -, et fit la moue d’un air torve avant de répliquer nonchalamment, de sa voix atone :

- Laisse tomber les négociations, t’es pas au marché du village.

Premièrement, la mirette. D’un doigt habile et délicat, il releva très doucement l’éternel bandeau qu’il portait sur l’œil, et, sans croiser son regard, fixa le sien sur l’orbite vide qui grimaçait face à lui. Comme d’habitude, un frisson intime et invisible courait, glacial, sur son échine, lorsqu’il se trouvait face à une blessure qui, en plus de lui avoir donné du fil à retordre, avait aussi été une affreuse expérience – pour le patient comme pour lui, qui, au moment des soins, aspirait la souffrance en lui. Il ferma une seconde les yeux, non pas pour endiguer une image qui ne le dégoutait pas – le cercle était propre, proche d’un symbole sobre et élégant, et non pas un trou sur l’intérieur du crâne comme les cons un peu morbides l’auraient analysé -, mais pour refouler le souvenir de ce mal qui, des heures durant, alors qu’il tentait de sauver son œil, les avait unis. Bizarre. Aujourd’hui, on n’aurait pas parié qu’ils avaient chialé et vomit leurs tripes ensemble sur un n’oeunoeuil perdu. Bref.

Il passa son pouce au dessus de la pommette masculine, et sentit sous son doigt les rouages d’une anatomie parfaitement saine ; le sang rugissait, les cellules vivaient, et, en dehors de la douleur pulsant autour de l’orbite, il ne ressentait rien d’anormal. Douleur, qui, compte tenu de son examen superficiel, était psychologique : aucun mal, aucune infection, ne venait ternir son magnifique travail de médecin. Un chef d’œuvre de récupération, ce trou noir au milieu du visage. Enfin, à part l’apparence, s’entend.

Il rabattit le bandeau, connaissant la gêne d’Adonis lorsque son œil était exhibé, et continua nonchalamment son examen, laissa ses mains frôler la nuque, le visage, les bras, puis voguer sans plus l’effleurer sur les jambes, le buste et les reins de son patient. Rien. Ce petit con n’avait rien. Il crevait de douleur parce qu’il n’avait pas pris de Vicodine depuis deux heures, c’était tout. Il ferait mieux de se trouver une autre addiction : la drogue pure et dure, ayant au moins le mérite d’atteindre le septième ciel, le sexe, très côté à Moscou, plus encore qu’ailleurs, ou l’alcool – bien qu’il perdrait cette minceur gracile qui était la sienne. Non pas que Gaby, de toute façon, se préoccupe de ladite minceur. Cessons d’analyser ses examens purement médicaux comme des lubricités de son esprit frustré. Ehm.
Il se redressa, les lèvres tordues en un rictus amusé :

- Bien. A part l’orteil cassé – un peu trop d’entraînement ? – que je viens de réparer, tu n’as rien, absolument rien, rien, rien. Comment te dire ça clairement ? Tu es aussi parfait que si tu passais ta journée à pioncer et à manger équilibré. Pas une égratignure. Pas même une petite déshydratation épidermique, pas un bleu, pas une parcelle de lèvres gercées, pas une cuticule qui dépasse, pas une éraflure, pas un microbe. Tu es clean, clean, clean. Pas l’ombre d’un rhume, d’un hématome, même pas un bouton. Désolé.

De fait, il avait plus envie de lui rire au nez que d’afficher un air désolé, mais il darda son regard contrit sur Adonis, et, encourageant, lui tapota l’épaule.

- Si tu te tires une balle dans la jambe, je te donnerais tes petites pilules, mon cher petit. A moins que j’arrive à éradiquer la douleur avec mes doigts de fée. Tu peux te casser !

Si cet idiot de drogué insistait, il devrait passer au placebo. Lui filer du doliprane en boîte plastique. Et, en deux temps trois mouvements, Adonis le découvrirait – il lui suffirait d’ouvrir la boîte à quelques pas de l’infirmerie, et de hurler très fort en devinant le subterfuge. Bah, s’il insistait, Gabriel essaierait ce stratagème-ci. Sur les quelques mètres qui le sépareraient de la porte, Adonis n’aurait plus mal, au moins : puisque la douleur était PSYCHOLOGIQUE.
Gaby s’assit à son bureau et attendit les foudres de son acolyte, étouffant un bâillement sceptique.
Gabriel Yunes
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Quête Vicodinienne [ PV Gabriel x) ] Empty Re: Quête Vicodinienne [ PV Gabriel x) ]

Message  Adonis Winchester Dim 26 Juil - 23:42

    Bon d’accord, les négociations ne fonctionnaient pas. C’était frustrant, quand même. C’était sûr après qu’Adonis donnait l’impression d’être un sale gosse en train de bouder parce que l‘on ne comblait pas son caprice. Ce qui était d’ailleurs un peu le cas, mais passons. Alors que ce cher Gabriel s’en allait s’équiper du stéthoscope propre à tout médecin, l’œil valide d’Adonis vagabonda un instant dans la pièce, s’arrêtant sur les casiers de métal, dont les tiroirs - il le savait à force de venir en réclamer, - contenaient sa chère et bien aimée Vicodine. Ses pensées vagabondant à l’image de son regard, le garçon songea un instant s’il serait possible d’aller tout simplement se servir soi-même. Projet peu réalisable, en vérité, mais bon, tout était à envisager quand l’on voulait vraiment quelque chose, hein. Dans l’hypothèse que le réfrigérateur ambulant ne l’arrête pas, il restait tout de même le problème de savoir si ces fameux tiroirs étaient fermés à clés. Ce qui était fort, même très fort probable. En bref, cela ne l’avancerait donc en rien. Mais il pourrait toujours essayer. Il verrait bien.

    Pour le moment, il rapporta son attention sur son vis-à-vis, qui commençait son auscultation, comme convenu. A vrai dire, sur le coup, Adonis n’avait pas vraiment réfléchi, mais un instant, alors que Gabriel soulevait le bandeau qu’il portait constamment, il regretta d’avoir accepté. Même si des mois entiers s’étaient écoulés depuis le jour où avait perdu ce fameux œil, à cause d’une erreur malheureuse et de ce salopard de Courtisan, le Caméléon restait sur la défensive quant à sa blessure. S’il avait déjà un mal certain ou une gêne certaine rien qu’à voir lui-même son orbite vide exposée, il se trouvait encore plus mal à l’aise lorsque c’était quelqu’un d’autre qui posait ses yeux dessus. Question complexe de pudeur mêlée à de le fierté mal-placée, qui n’était pas franchement étonnante lorsque l’on savait qu’il n’arrivait toujours pas avalé l’échec qui lui avait fait perdre à jamais son œil gauche. Sans parler de la douleur de chien qu’il avait du supporter et de l’état pitoyable dans lequel il avait été lorsqu’on l’avait amené ici pour le soigner, justement. Enfin, cela, à cause de son don étrange, Gabriel avait du le subir également, ce qui faisait toujours bizarre quand on y pensait. Mais passons, encore une fois.

    Bientôt, Gabriel eut fini l’auscultation qui n’avait pas vraiment lieu d’être. Se redressant, le rictus aux lèvres, il annonça que tout allait bien, que ce cher Caméléon n’avait absolument rien, qu’il était clean de la tête aux pieds. Si Adonis ne répondit pas, il perdit néanmoins quelque peu son air boudeur. Parce que se faire entendre dire que l’on était parfait - même si ce n’était qu’au plan de la santé, - c’était toujours flatteur pour l’égo, voyez-vous. Et plutôt satisfaisant en soi. Oui, c’était ainsi que cela fonctionnait dans la tête de cette tête de mule, n’est-ce donc pas adorable ?

    - Si tu te tires une balle dans la jambe, je te donnerais tes petites pilules, mon cher petit. A moins que j’arrive à éradiquer la douleur avec mes doigts de fée. Tu peux te casser !

    Quoi, c’était tout ? Mais il n’avait pas encore compris qu’Adonis voulait sa Vicodine, lui ?
    Fronçant les sourcils alors que Gabriel lui tapotait l’épaule avant de se diriger vers son bureau, le jeune homme à l’œil en moins répliqua, d’une voix qui paraissait plutôt tranquille comparée à précédemment, comme s’il posait juste une question particulièrement intéressante :

    - Et si je ne veux pas me casser ?

    Oui, s’il ne voulait pas avant d’avoir eu ce qu’il été venu chercher, hein ?
    C’était une bonne question.

    En tous les cas, alors que le médecin attitré des rebelles prenait place à son bureau, Adonis sauta à bas de la civière, dans un geste parfaitement décontracté. Puis là, il effectua les quelques pas qui le séparaient des tiroirs où étaient stockés la Vicodine d’une tranquillité provocante, sans chercher à se cacher. Ce qui aurait été difficile dans cette pièce exigüe, de toutes façons. Atteignant l’endroit voulu, Adonis leva la main pour tenter de tirer le tiroir vers lui. Tenter. Car il apparut bien vite que ce foutu tiroir était tout bonnement fermé à clé. Et merde. Jurant entre ses dents et un masque d’irritation se peignant sur son fin visage, le garçon se détourna du casier pour lâcher d’une voix exaspérée à l’attention de son vis-à-vis ou plutôt à la cantonade :

    - Evidemment, c‘est fermé à clé, hein. Tsss.

    Et bien oui, mon petit. Il faudrait bien que tu commences à t’y faire.

    Grommelant un moment, Adonis contourna le bureau à l’aide de grandes enjambées énervées, puis tirant la chaise qui se trouvait de l’autre côté, face à Gabriel donc, il se laissa choir dessus. Le coude sur le bureau, le menton dans la main, l’air infiniment exaspéré, il se mit alors à soupirer, le regard fixé sur un point invisible situé en hauteur, près du plafond. Bon. Et qu’est-ce qu’il faisait maintenant, hein ? Tout ceci était d’un compliqué. Pourquoi cet entêté de Yunes ne pouvait-il pas lui donner gentiment ses médocs, hein ? C’était une bonne question, là encore. Adonis resta plongé dans ses réflexions un moment, le même air agacé peint sur le visage, puis finalement, les dernières paroles de son interlocuteur lui revenant à l’esprit, il eut l’air frappé par une idée, ou plutôt ici, par une interrogation intéressante. Inclinant légèrement la tête du côté, abaissant l’œil pour poser sur son collègue rebelle un regard à la fois curieux et pensif, il demanda alors d‘un air intéressé :

    - Si je me tires vraiment une balle dans la jambe, tu me passeras ma vicodine ?

    Non, je vous rassure, Adonis n’avait pas prévu d’aller chercher son colt dans l’instant pour se tirer une balle dans la jambe et obtenir enfin sa fichue Vicodine. Pas encore. Quoique. Bref, même si l’on pouvait trouver Adonis parfaitement idiot ou inconscient, il n’empêche que la question valait d’être posée. De son point de vue, du moins. Juste histoire de savoir.
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Message  Gabriel Yunes Dim 16 Aoû - 21:06

Malgré les allers retours stupides de Winchester et ses tergiversions pour atteindre la vicodine, Gabriel ne cilla pas, ne ploya pas, et resta de marbre, derrière son bureau, avec son adorable couteau suisse et son sourire sibyllin. Décidément, le placebo semblait s’imposer ; à moins qu’il demande à son apprentie de faire un lap-dance au gamin pour lui faire oublier la douleur trente petites secondes, il ne voyait pas ce qu’il pouvait faire de plus. Il soupira, écouta les conneries d’Adonis (qui proposait généreusement de se tirer une balle, mais, au vu de son agacement, Gabriel aurait très bien pu le faire lui-même), et se leva souplement, voûté et gardant l’expression ancestrale de l’aïeul plein de lassitude, envers un novice. La bouche plissée, et il laissa échapper, comme s’il capitulait enfin sous la pression des va-et-vient insistants de l’âne bien foutu qui gigotait en face de lui comme un poisson hors de l’eau.

- Bon. Je vais te donner un petit peu de vicodine, et ensuite tu ne reviens pas avant le 31. C’est clair, Adonis ?

Son ton doux et paternel aurait peut-être pu mettre la puce à l’oreille du Caméléon, mais le jeune homme devait être si obnubilé par l’idée d’obtenir enfin ses médocs qu’il ne remarquerait certainement rien ; se levant d’un pas souple, il rejoignit la grande armoire métallique et ouvrit le tiroir à l’aide d’une clef magnétique. Farfouillant avec brio dans les médicaments un tant soit peu efficaces que renfermait la commode, fit passer lentement et discrètement des pilules identiques et blanches se rapprochant des simples dolipranes, dans une boîte transparente et cylindrique affichant fièrement les inscriptions d’usages (Vicodin HP, paracétamol, hydrocodone), la reboucha en silence, et tendit la terre promise en plastoc à cet idiot névrosé d’Adonis.

- Voilà pour toi. Profites-en bien, et vas-y doucement. Et pendant que tu te casses, va chercher mon infirmière favorite, que quelqu’un bavarde avec moi un minimum avant que je ne devienne sénile.

Il parlait de tout et de rien pour brouiller les pistes, mais il était prêt à parier qu’Adonis avalerait les pilules avec un tel soulagement qu’il n’y verrait que du feu ; finalement, la douleur psychologique s’effacerait gaiement et en plus, il emportait des médocs que personne n’utilisait et qui encombrait sa pharmacie. Se congratulant mentalement, il sourit à Winchester fraternellement, plein de mansuétude gentillaise et stupide, et lui fit le signe de sortir avec bienveillance, patientant avec impatience pour voir les effets de son stratagème. Bizarrement, personne n’avait jamais pensé à lui faire le coup du placebo ; Gabriel aurait pu gagner gros en pariant avec un rebelle un peu joueur sur l’humeur et la douleur névrotique du Caméléon sous l’effet d’un doliprane plutôt que sous vicodin. Il sourit calmement, rangea le couteau suisse, fit passer la clef magnétique dans la poche arrière de son jean, et repoussa ses cheveux, attendant les résultats et la réaction d’Adonis. Après tout, Yunes avait capitulé plutôt vite, pour un ivrogne de mauvaise humeur. Sans cette idée géniale, il aurait fait tourner le junkie en bourrique pendant deux bonnes heures avant de l’envoyer se faire voir.

Spoiler:
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Message  Adonis Winchester Lun 17 Aoû - 23:33

Spoiler:

    Adonis commençait sérieusement à se pencher sur la solution de la balle dans la jambe lorsque le toubib se leva de sa chaise, en poussant un soupir. Extirpé de ses intelligentes réflexions, le Caméléon leva son œil valide pour suivre le mouvement du regard, mais sans pour autant changer de position sur sa propre chaise.

    - Bon. Je vais te donner un petit peu de vicodine, et ensuite tu ne reviens pas avant le 31. C’est clair, Adonis ?

    Quoi, comme çà ?

    Sur le coup, le jeune homme décolla son menton de la paume de sa main, les sourcils arqués de surprise disparaissant sous sa frange d’ébène. Comprenez-le, il y avait de quoi être quelque peu étonné, tout de même. Ce cher Gabriel l’envoyait proprement balader jusque là, et voilà maintenant qu’il changeait subitement d’avis ? Et bien. Peut-être qu’il en avait enfin ras le bol des lamentations du drogué aux médocs, ce qui serait parfaitement compréhensible et plausible. En tous cas, bien plus que de penser que le guérisseur rebelle ne supportait tout simplement pas l’idée qu’Adonis puisse se tirer une balle dans la jambe et abimer son si joli corps à la con, et qu’il avait fait cela dans l’unique but de le protéger, voyez-vous. Non, ce qui était beaucoup plus compréhensible, c’était l’envie qu’on puisse avoir de lui coller soi-même la fameuse balle - à mon sens, du moins. Mais bref. Adonis observa tout de même Gabriel qui s’éloignait vers l’armoire métallique d’un air quelque peu suspicieux. C’était normal, il n’était pas idiot non plus. Mais à cet instant, son esprit restait obnubilé par les petites pilules blanches, sa drogue, son trésor, sa raison de vivre, et l’idée qu’il puisse enfin en obtenir éclipsa pour un temps tout le reste. Il se releva, à la fois soudainement enfiévré et cependant encore soupçonneux, les yeux rivés sur la nuque de son interlocuteur, jusqu’à ce qu’il se retourne. Là, son œil valide se fixa naturellement sur la petite boîte de plastique si chérie que Gabriel tenait. Il la prit délicatement, la fit tourner avec expertise et tendresse obsessionnelle entre ses longs doigts fins, une impression de satisfaction vivifiante se répandant dans son petit corps de drogué bien foutu. Il n’écouta que d’une oreille distraite les recommandations de Yunes, mais enregistra néanmoins dans un recoin brumeux de son cerveau vicodinien ce qu’il disait. Puis lorsque la bouffée d’euphorie contrôlée perdit quelque peu de son ampleur pour laisser une nouvelle fois de la place à la suspicion, Adonis releva la tête, haussant légèrement le sourcil droit face au sourire du toubib, qui lui indiquait gentiment la porte de sortie. Bon, d’accord, c’était décidément plutôt bizarre. Mais il s’en foutait, il avait ce qu’il était venu chercher, non ? Sur le moment, ce cher Caméléon ne voyait pas l’intérêt de chercher plus loin. Il fit donc passer la petite boîte de pilules dans son autre main, haussa les épaules et tourna les talons pour se diriger de son éternel pas nonchalant vers la sortie, non sans jeter quelques derniers mots par-dessus son épaule, avec un geste évasif de la main en guise de salut.

    - D‘accord, je me tire. Mais t‘iras chercher tout seul ton infirmière, par contre. T’es assez grand pour çà et je suis pas ton chien, mec.

    Toujours agréable, en toutes circonstances, vous dis-je, cet Adonis Winchester.

    Le jeune homme n’attendit pas de réponse et se mit déjà en route à travers le couloir d’une démarche assurée. Rien à foutre des recommandations de dosage, il prendrait de la vicodine comme il en avait envie d’en prendre. Non mais. Adonis, tout en marchant, ouvrit le couvercle de la boîte d’une impulsion du pouce, et fit glisser dans la paume de son autre main quelques délicieuses petits cachets d’un blanc immaculé. Oui, c’était une véritable addiction, mais que voulez-vous. Chacun trouvait son contentement comme il le pouvait, dans cette ville de débauche. Le rebelle avala trois premières pilules tout rond avant de se rendre compte que quelque chose clochait. Alors qu’il apportait la quatrième à ses lèvres, il s’arrêta net. Ne pas sous-estimer un accro à une certaine marque de médicament comme lui. Car si pour beaucoup de personnes, ce genre de pilules n’avaient absolument aucun goût et se ressemblaient toutes, il n’en était rien pour quelqu’un comme Adonis, qui avalait de la Vicodine comme il respirait. Ses vénérés cachets avaient une saveur que ses papilles savaient détecter et apprécier à leur juste valeur, son organisme raffolait de ces cachets-ci et seulement de ceux-ci. Et çà, ces pilules traîtresses, ce n’était pas sa Vicodine. Le borgne en aurait mis sa main à couper. Ou presque. Pour s’en assurer, il approcha son œil valide du cachet blanc qu’il tenait entre son pouce et son index, les sourcils froncés. Bingo. La familière inscription « vicodin » gravée à même la pilule n’était pas visible. A la place, sournoisement, d’autres lettres se découpaient.

    Du doliprane. Cet enfoiré de Yunes lui avait refilé du putain de doliprane à la con.

    Adonis resta figé quelques longues secondes au milieu du couloir, le regard stupidement fixé sur le cachet qui ne valait rien à ses yeux. Puis il se reprit. Il jeta d’un geste brusque la pilule qu’il tenait sur le sol et se retourna d’un bloc, pour se rendre de nouveau au centre de soins à pas plus grands et plus vifs encore qu’auparavant. Furieux, évidemment. Il eut tôt fait de traverser une nouvelle fois le seuil de la pièce qui servait d’infirmerie au groupe rebelle, et une fois là, il balança d’un geste rageur la petite boîte qu’il tenait encore à la tête de Yunes. Dans un même temps, sa voix si charmante et vibrante de colère se répercuta sur les murs de la petite pièce.

    - ENFOIRE !

    Non, comprenez-le. C’était un vrai coup en traître qu’on venait de lui faire là. Et il était vexé, en plus d’être littéralement et irrévocablement furieux, le Caméléon. Si Gabriel aurait tenté de l’empoisonner, la réaction de ce cher Adonis n’aurait pas été différente. Comment osait-il lui faire çà à lui ? C’était la question stupide et orgueilleuse que se posait le jeune homme à cet instant, alors qu’il fusillait naturellement du regard le traître, et qu’il reprenait, d’une voix plus sifflante, mais non moins furieuse et haineuse :

    - Tu me prends vraiment pour un con ?

    Oui !
    Excellente question.
    En tous les cas, il en était de peu pour que cet adorable Adonis ne colle son poing dans la figure de ce cher Yunes, ce qui, entre nous, ne servirait pas à grand-chose, hors mis peut-être la satisfaction certaine et typiquement masculine que ce genre de geste engendrerait. Mais que voulez-vous.
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